[Entretien] Catriona MacColl, de Lady Oscar à Lady Oscar (partie 2)


Interlude. Le temps de changer de cassette et de manger un morceau de brioche, Catriona en profite pour glisser le nom de Mike Baronas, un réalisateur américain, fan de Fulci, qui a entrepris le projet fou, au début des années 2000, de réaliser le plus grand documentaire jamais fait sur le cinéaste italien. C’est sur ce sujet, justement, que nous attaquons la seconde partie de notre interview, qui tournera plus en discussion, autour de Jacques Demy et de l’après-Fulci.

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Pouvez-vous nous parler du documentaire de Mike Baronas ?

Mike a voulu réaliser un film uniquement constitué d’interviews des collaborateurs et des amis encore vivants de Fulci, il a mis six ou sept ans à tous les rencontrer. Son documentaire fait presque quatre heures, et il compte même faire une seconde partie avec tout ce qu’il n’a pas inclus dans le film! Le DVD est en vente sur le site internet de sa boîte, Paura Productions – en hommage, – mais il est limité à 2500 exemplaires, je ne sais pas s’il en reste. Pour ce projet, Mike Baronas a énormément voyagé, d’abord à travers l’Amérique, puis il est venu en Europe, Paris, Rome, en faisant un petit crochet par Gordes. Moi, j’étais très occupée cet été-là, je ne pouvais même pas aller le chercher à la gare, et c’est assez dur de venir à Gordes si tu ne connais pas le coin. Ils ont dû se débrouiller, prendre plusieurs trains, bus, et je les ai vus arriver dans le centre de Gordes, ils étaient deux, seuls dans le car, tenant chacun une rose rouge parce qu’ils me rencontraient enfin. C’était amusant! Le documentaire est fabuleux, parce qu’on voit ceux qui pensaient du mal de Fulci, et ceux qui en pensaient du bien. Honnêtement, je l’aimais bien, parce qu’il était très respectueux envers moi. Après tout, c’était moi qu’il avait choisi, et puis il a toujours eu beaucoup de respect pour l’école des acteurs anglo-saxons. Je l’ai déjà dit, on ne peut pas mettre un doigt sur Lucio; pervers, intellectuel, difficile, insupportable, merveilleux, intelligent, impossible, tous les adjectifs sont bons pour parler de lui. C’est sûrement ce qui fait encore aujourd’hui la renommée de ses films, et ça fait 30 ans que je cherche des réponses aux questions que l’on me pose parfois, et j’ai toujours l’impression de tourner en rond. Sur les scènes finales de ses films, par exemple, que personne n’a compris…

Si jamais vous avez la réponse à Saint Ange, par contre, je veux bien l’entendre !

(rires) Malheureusement, je n’ai pas vraiment la réponse! Ce tournage était intéressant, car au moment où j’ai quitté Paris pour venir ici, je me suis dit que c’était un moment où c’était peut-être fini, où il fallait se créer une autre vie, histoire de ne pas rester une actrice autour de la cinquantaine complètement névrotique parce qu’elle ne tourne plus beaucoup. Et Pascal Laugier a été le premier à catriona_2venir me chercher: c’était drôle, d’ailleurs, parce que mon agent parisien m’a appelé en me disant: « Tu vas recevoir un appel d’un premier assistant qui veut savoir si tu parles français ». Il m’a appelé, et il m’a dit: « Maintenant vous allez recevoir un deuxième appel d’un jeune réalisateur qui s’appelle Pascal Laugier et qui adore les films que vous avez fait avec Fulci, il a grandi avec… ». Pascal m’a appelée, on a convenu d’un rendez-vous à Paris, et quand on s’est rencontrés, il était quasiment à genoux – symboliquement parlant – devant moi. J’étais en train de lâcher prise, en semi-retraite dans le Vaucluse, et puis j’ai accepté parce que mon personnage était très intéressant, un vrai rôle de composition. J’en ai joué d’autres depuis, récemment dans The Theatre Bizarre (Richard Stanley, 2011), et on peut dire ce qu’on veut sur ce film, constitué de six segments réalisé par six réalisateurs différents, mais j’ai adoré jouer le rôle de la sorcière. Dans le film de Pascal, le rôle m’a révélé justement que je passais un tournant et qu’on pouvait m’offrir des rôles que l’on ne m’aurait jamais proposé si j’avais été plus jeune. Saint Ange est aussi un film de femmes, porté par des actrices magnifiques, Lou Doillon, Virginie Ledoyen, Dorina Lazar, et au contraire de Romain Basset ou des autres réalisateurs avec qui j’ai travaillé depuis, qui font des films avec les moyens du bord, Pascal avait beaucoup d’argent, de la part de Canal+, ce qui est très rare pour un premier film, surtout fantastique. C’est dommage qu’il ait été mal accueilli en France…

Comme le suivant, d’ailleurs !

Euh… Oui, enfin, je n’ai pas voulu le voir, et Pascal m’a dit de ne pas le voir. Je pense que je détesterais, j’aurais du mal à supporter ça. Les gens du métier qui m’en ont parlé sont parfois pour, parfois contre, mais je ne le verrai probablement pas (elle sourit). Mais il catriona_3monte l’échelle, avec son nouveau film tourné au Canada (The Secret, ndlr), et c’est très bien pour lui. C’est une personne extraordinaire, assez complexe aussi, finalement ça doit être ce genre qui attire les personnes torturées. Je me suis très bien entendue avec Pascal, et je crois qu’il va beaucoup mieux aujourd’hui, il vient d’avoir un bébé, ça va peut-être le calmer un peu (rires). Il est vraiment extraordinaire, c’est une encyclopédie ambulante: tu lui parles de n’importe quel film, de n’importe quelle époque, il sait tout!

En plus de votre carrière au cinéma, vous avez aussi une carrière à la télé, que je connais assez peu, si ce n’est cette adaptation française de Calendar Girls ou votre petit rôle dans Mafiosa.

J’ai fait pas mal de choses, mais très différentes. En fait, c’est un peu comme si j’avais deux carrières: celle dans le cinéma fantastique, et une carrière « normale ». Ce qu’on me demande de faire dans le cinéma fantastique est beaucoup plus intéressant, surtout maintenant, mais Les filles du calendrier, c’était super sympa, je jouais l’Anglaise un peu baba cool sur les bords. Puis on a tourné une suite, dans laquelle on s’est éloignés du scénario anglais, et on est partis sur une histoire de télé-réalité. D’ailleurs, je viens de tourner une toute petite chose, mais avec un casting impressionnant, dans lequel il y a l’une des Calendar Girls du film original, Celia Imrie. Aujourd’hui, le métier a beaucoup changé, et en dehors du cinéma fantastique, on me demande de faire des petites choses dans des gros films. Je ne dis pas non à ce genre de rôles, surtout quand c’est dans le coin. Ridley Scott est passé à Bonnieux, il est venu tourner à Gordes, mais je ne suis presque pas dans le film (Une Grande Année, ndlr), c’est une apparition éclair. En fait, je suis très amie avec Albert Finney, qui a l’un des rôles principaux de ce film, et lorsqu’il était à Gordes avec sa femme pendant le tournage, il m’a dit: « Il faut que tu fasses quelque chose dans le film, Catriona! ». Il m’a présenté Ridley, qui avait besoin d’un couple de britanniques qui venaient acheter un appartement à Londres. Il a fait venir des machines pour recréer la pluie, il a fait attention à ne pas montrer ni le plafond, ni l’architecture, et on a l’impression d’être à Londres, alors qu’on a tourné en plein centre d’Avignon! Mais dans le film, vous voyez plus mon mari que moi, parce qu’il joue Charles Trenet au piano dans une scène de dîner romantique entre Russell Crowe et Marion Cotillard. Tout ça pour dire en résumé que depuis que je me suis installée ici, en pensant que c’était fini pour moi, je fais des choses très différentes. Ça nous amène aussi à Plus belle la vie… C’est quand même amusant de faire des films avec Fulci, Richard Stanley, Pascal Laugier, et apparaître dans Plus belle la vie! Après tout, pourquoi pas? En France, pendant longtemps, on a considéré les acteurs de cinéma et les acteurs de télé comme deux métiers distincts. En Angleterre, au contraire, les acteurs ont toujours fait les deux. Tu avais même beaucoup de chance si tu jouais au cinéma, parce qu’il y a peu de films depuis les années Thatcher. Du cinéma de catriona_4qualité, Ken Loach, Mike Leigh et compagnie, mais pas très productif. En plus de ça, on vient d’abolir le British Film Council, c’est grave… Quand des amis et collègues ont su que je tournais dans Plus belle la vie, ils ont été un peu choqués, mais ça me faisait plaisir de faire ça, et puis c’est pas si facile: ils tournent un épisode de 26 minutes par jour, deux prises maximum par plan, peut-être trois si tu es un acteur récurrent, mais il faut y aller! Je trouvais que c’était un très bon exercice, et puis pour moi, chaque projet, film, série, pièce de théâtre que je fais est un lieu de rencontre, Plus belle la vie en fait partie.

Vous avez fait beaucoup de théâtre?

J’en ai fait, et on m’a contactée récemment pour monter une troupe de théâtre en anglais, parce qu’il y a beaucoup d’anglophones dans le coin. On a formé une association, et j’ai dit oui à un grand rôle dans une pièce qui me prend beaucoup de temps actuellement, mais quand je connaîtrai le texte et qu’on sera prêts – dans pas longtemps, d’ailleurs – ça me fera plaisir, surtout parce que je joue dans ma langue maternelle.

D’autres projets artistiques en dehors de votre métier de comédienne?

Il y a un projet de documentaire que j’essaie de monter en Angleterre, on est à la recherche de l’argent. Le film porte sur Marion Davies, une grande actrice du muet qui a rarement été jugée à sa juste valeur, qui est ensuite passée au parlant et qui se trouve être la grand-tante d’une très bonne amie à moi qui habite à Hollywood. Marion Davies est surtout connue pour être la femme de William Hearst, qui a servi de modèle à Orson Welles pour Citizen Kane. La femme de Charles Foster Kane est largement inspirée de dette grande actrice, qui vouait une grande passion à Charlie Chaplin. Dans le documentaire, on se focalisera donc sur le triangle amoureux entre elle, Chaplin et William Hearst. C’est un gros coup pour nous, parce que le réalisateur, Kevin Brownlow, est aussi le plus grand spécialiste du cinéma muet au monde, il a d’ailleurs reçu un Oscar d’honneur l’année dernière, donc si je n’arrive pas à monter le projet avec lui, je ne le monterai avec personne. The Artist est sorti au bon moment, peut-être que ça nous aidera!

Si vous le voulez bien, j’aimerais qu’on en revienne à Lady Oscar, un film qui a toute une histoire absolument fascinante…

Lady Oscar, c’est surtout une aventure merveilleuse, parce que c’est quand même une année entière de ma vie. J’ai été choisie au tout dernier moment: c’était la panique parce que Jacques n’arrivait pas à trouver la fille, il avait les producteurs japonais sur le dos, parce que le trailer du film devait sortir trois semaines après, en même temps que La guerre des étoiles, mais il n’avait toujours pas de comédienne. Il téléphone à un ex-premier assistant, Bernard Toublanc-Michel, qui réalisait un téléfilm avec moi en lui disant qu’il avait besoin d’une actrice anglo-saxonne d’environ 23 ans, blonde aux yeux bleus. Bernard lui répond: « Mais elle est à côté de moi! ». Il a envoyé des rushes à Jacques, puis je l’ai rencontré à Paris. Dans le bureau, il y avait Agnès Varda, Jacques et les producteurs japonais. Ils ne parlaient ni français ni anglais, et ils se sont mis à me photographier, évidemment (rires), et à discuter entre eux. A un moment donné, Jacques a frappé du poing sur la table et a dit: « Si Catriona ne fait pas le film, je ne le fais pas non plus ». Ça a démarré comme ça. J’ai un peu de mal à le croire, mais on m’a dit qu’ils ont vu 500 filles pour le rôle, et j’étais la dernière, c’est incroyable. Deux jours après, sans avoir lu le scénario ni signé de contrat, je me suis retrouvée au château de Vaux-le-Vicomte, à cheval, une épée catriona_5à la main, en train de tourner le trailer. Ce jour-là, j’ai avoué au cascadeur que j’avais menti à l’audition, je n’avais jamais fait d’escrime, il m’a répondu: « T’inquiète pas, t’es danseuse, il suffit de faire une petite chorégraphie avec ton épée ». C’est seulement après que j’ai pris quelques cours d’escrime. Lady Oscar a marqué la première fois où je me suis retrouvée confrontée à des acteurs de mon pays, et c’était merveilleux de retrouver ça. Et puis ils étaient très bons, donc je devais tirer mon épingle du jeu, il fallait que j’y aille. Il y a une histoire assez amusante qui concerne un article publié dans Screen International: Lady Oscar faisait la couverture du magazine, mais avec la photo d’une autre personne que moi, qui s’appelait aussi Catriona MacColl. C’est déjà un nom inhabituel au départ, même en Grande-Bretagne, donc j’étais sûre qu’il n’y en avait pas deux. Et pourtant, c’était le cas! En plus de ça, elle était comédienne et elle me ressemblait étrangement. A l’époque, je ne faisais pas encore partie du syndicat des acteurs, mais elle, oui. Elle était donc la Catriona MacColl légitime. A l’issue du tournage, donc, j’ai cherché un agent en Angleterre, mais comme le film n’est pas sorti, je n’ai pu le montrer à personne, et pourtant j’avais joué le premier rôle. Un des agents les plus importants de Londres était intéressé, mais ne pouvait pas me prendre parce qu’il n’a pas pu voir le film. J’ai finalement atterri chez l’agent de Barry Stokes, mon partenaire dans Lady Oscar, qui m’a représentée pendant des années. Il a appelé l’autre Catriona MacColl, qui était un tout petit peu plus âgée que moi – et qui a quitté le métier depuis – en lui demandant si elle voulait bien changer de nom. A mon grand étonnement, elle a accepté s’est appelée Catriona MacDonald.

C’est typiquement le genre d’histoires qui alimentent la légende autour du film, c’est quand même extraordinaire.

Oui, et puis il faut savoir aussi que Lady Oscar, au début, est basé sur un manga, chose rare dans le cinéma français, qui plus est écrit par une femme, chose rare au Japon. D’ailleurs, il y a eu tout un scandale politique par la suite parce qu’elle s’est avérée être la maîtresse d’un ministre japonais, et je crois que ça s’est assez mal terminé. En tout cas, je me suis beaucoup amusée à tourner ce film, parce qu’on a tourné à l’intérieur même du château, et presque personne depuis Sacha Guitry en 1952 n’avait pu le faire. Depuis, il y a eu Sofia Coppola et d’autres, bien sûr, mais à l’époque, c’était exceptionnel. On a dû envoyer une lettre à Giscard pour demander la permission! Jacques Demy l’a eue, mais évidemment, avec beaucoup de règles à respecter, comme on peut l’imaginer. Un jour, on tourne la scène de l’accouchement de Marie-Antoinette, donc on met l’actrice dans un grand lit à baldaquin, et quelqu’un est arrivé totalement paniqué, de peur de se faire virer, parce qu’on l’a mise dans le lit de Louis XVI, et ça c’était tout ce qu’il y avait de plus interdit, personne ne montait dans le lit de Louis XVI. Jacques, avec sa nonchalance, lui répond très calmement: « Mais puisqu’elle y est… Est-ce qu’elle ne pourrait pas y rester pour tourner la scène? », et au final, l’employé du musée nous a autorisés à la laisser, mais à la condition qu’elle n’en sorte pas jusqu’à ce qu’on ait fini de tourner la scène, sinon elle ne pouvait pas y remonter. La pauvre est restée plus de six heures allongée dans le lit (rires). Lady Oscar a été l’un de mes meilleurs souvenirs, mais ça a aussi été une énorme déception pour moi du fait qu’il ne soit pas sorti, même si je reste convaincue qu’il aurait été de toute façon considéré comme un OVNI et qu’il n’aurait pas marché, parce que 1979, c’était quand même l’année d’Apocalypse Now et d’Alien, et que le casting était composé d’inconnus. D’ailleurs, on m’a raconté que les producteurs japonais cherchaient pour le rôle de Lady Oscar une fille vierge. Ce personnage était une telle déesse au Japon qu’ils voulaient quelqu’un d’inconnu, qui n’ait jamais été vue dans les médias. Par exemple, Jane Birkin n’a pas été retenue à l’audition parce qu’il y avait tous ces scandales autour d’elle, Gainsbourg, tout ça… Cette histoire est allée assez loin, parce que plusieurs années après, j’ai reçu un appel d’un producteur qui ne me connaissait pas, moi non plus, mais il m’a proposé une invitation à déjeuner. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, il m’a répondu: « Je fais une coproduction avec le Japon, et on m’a demandé d’engager un détective privé et de vous faire suivre. Mais je ne sais même pas qui vous êtes! C’est pour ça que je vous invite à déjeuner ». Ça m’a assez amusée, donc je suis allée manger avec lui, mais je ne l’ai jamais revu, je ne sais pas s’il a réussi àcatriona_6 monter son film. En fait, la boîte qui coproduisait son film était la grande rivale de Kitty Films, la société qui a produit Lady Oscar, et c’était en fait une histoire entre eux. Finalement, si le film était sorti, ça ne m’aurait peut-être pas servi non plus. C’est dégueulasse, hein? (rires) Mais on n’est jamais sûrs de rien. Aujourd’hui, le film est trouvable en France, mais seulement dans le coffret Jacques Demy. On me l’a offert parce que j’avais fait un caméo dans Trois places pour le 26, le dernier film de Demy – il m’avait promis qu’il me ferait tourner à nouveau – dans lequel je jouais l’ancienne maîtresse d’Yves Montand. Ce film n’a pas très bien marché non plus, d’ailleurs, malgré tout l’argent qu’a apporté Claude Berri. Grâce à ce film, je suis retournée à Marseille, parce qu’il y avait une scène de danse qu’on a répété trois semaines à Paris, et qu’on a tourné pendant une semaine sur les escaliers de la gare Saint-Charles. C’était quelque chose d’énorme, il y avait même le chorégraphe de Michael Jackson (Michael Peters, ndlr) qui avait amené quelques danseurs qui étaient dans Thriller. Me voilà donc au bras d’Yves Montand, en train de descendre les escaliers de la gare de Marseille, les mêmes que j’avais descendu lorsque je suis arrivée d’Angleterre pour la première fois à 19 ans, pour danser au Ballet de Marseille. C’était très émouvant pour moi.

Il n’y a que peu de films de Jacques Demy qui ont vraiment marché, finalement.

Oui, ses films sont un peu des OVNIs, celui-ci en fait partie, d’ailleurs. Il y a Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort, bien sûr, Peau d’Âne… Mais Jacques est toujours resté dans son univers, il évoluait à sa façon, hors du temps.

Je ne connaissais pas tellement le cinéma de Jacques Demy, mis à part ses films les plus célèbres, mais pour y avoir regardé de plus près, j’ai découvert un univers assez intéressant.

J’aime beaucoup Lola, d’ailleurs c’est le nom que j’ai donné à ma chienne, La baie des anges, aussi…

Le plus moderne, et peut-être le plus drôle aussi, c’est L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune, dans lequel Marcello Mastroianni tombe enceinte.

Jacques avait un humour qui n’était pas du tout ce qu’il laissait paraître dans ses films, eau de rose, kitsch, etc., c’était plutôt assez tranchant. Plus c’était absurde, plus ça lui plaisait. L’idée de mettre un homme enceinte devait beaucoup l’amuser! En présentant Lady Oscar, à New York et ailleurs, on a beaucoup ri. On a fait notamment une projection privée pour Louis Malle, qui était à New York à ce moment-là, et Louis m’a dit à la fin du film: « Maintenant c’est bon, c’est lancé! ». Voilà le résultat. On n’est jamais sûrs de rien. (elle sourit)

L’interview finie, nous retournons à l’intérieur de sa maison au décor très pittoresque, où Catriona et Marcello vivent entourés d’animaux. C’est Marcello qui a eu l’idée de baptiser leur maison d’hôtes Lady Oscar, en hommage au film. Quelques chats errants viennent traîner dans les alentours, afin de se nourrir dans les gamelles qu’elle leur met à disposition. L’un d’entre eux miaule derrière la fenêtre, elle l’a baptisé Mickey Rourke « parce qu’avant il était maigre et maintenant il est énorme ». Autour d’un dernier verre dans sa cuisine, elle nous offre un exemplaire du documentaire Lucio Fulci Remembered de Mike Baronas, qu’elle nous signe, en précisant que c’est elle qui possède la célèbre photo qui est sur la jaquette du DVD, montrant Lucio Fulci assis sur une chaise en plein milieu d’un pont. Souvenir du tournage de L’Au-Delà.

Valentin Maniglia
Merci à Sarah pour les photos


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

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