[Entretien] Catriona MacColl, de Lady Oscar à Lady Oscar (partie 1)


Frayeurs, L’Au-Delà, La Maison près du Cimetière. Trois films seulement auront fait entrer le nom de Catriona MacColl dans la légende du cinéma bis. Des films que l’on ne présente presque plus, tant ils ont acquis, dans ce monde incroyable qu’est celui de la série B horrifique, un statut de films cultes dont beaucoup s’inspirent encore aujourd’hui. Si elle est devenue, un peu malgré elle d’ailleurs, une figure incontournable du cinéma d’horreur européen, on connaît finalement très peu la carrière de l’actrice franco-britannique, qui se révèle très atypique et qui renferme beaucoup d’anecdotes amusantes. C’est à Gordes, dans le Lubéron, que nous reçoivent très chaleureusement Catriona et son compagnon Marcello, où ils ont ouvert en 1999 un gîte qu’ils ont baptisé Lady Oscar. L’interview commence au bord de la piscine, dans un très joli cadre, et autour d’un thé.

Débarquer chez Fulci après un an de carrière à peine, c’était presque du jamais vu chez Lucio, lui qui travaillait encore avec une équipe qui l’accompagnait depuis des dizaines d’années. Comment s’est orienté le choix de Fulci?

J’étais encore une jeune comédienne qui travaillait entre Paris et Londres, je passais des castings que je réussissais parfois. J’avais déjà tourné le film de Jacques Demy (Lady Oscar, ndlr) dans lequel j’avais le premier rôle en 1978-79, et Fulci a suivi. Mais comme le film de Jacques Demy n’est jamais sorti, ça a été tout un bazar… On m’avait dit qu’il était sorti en Espagne, c’était un vrai phénomène au Japon, mais l’histoire de Lady Oscar, c’est tout autre chose. Bref, j’attendais quelque chose avec ce film, puisque j’avais le rôle principal, mais personne ne l’avait vu, donc je continuais à courir les castings. D’ailleurs, j’étais un peu connue à l’époque quand j’allais dans les bureaux: “Ah, c’est toi qui as fait le film avec Jacques Demy qui n’est jamais sorti!” (rires). Je m’étais fait une petite renommée, parce que c’était très inhabituel comme situation. Un jour, mon agent anglais m’appelle et me dit qu’il avait reçu la visite d’un imprésario très célèbre, Giuseppe Perrone, qui était tout un personnage du cinéma italien de l’époque, très fellinien, d’ailleurs. Il cherchait une actrice anglaise de mon âge, blonde aux yeux bleus, il est tombé sur ma photo et il est reparti à Rome, avec des fiches et des photos de tas de filles. Bizarrement, j’étais la seule que Lucio a voulu voir et il était prêt à m’offrir le voyage aller-retour à Rome pour le rencontrer, donc je suppose que je devais correspondre à l’idée qu’il se faisait de Mary Woodhouse (son personnage dans Frayeurs, ndlr). Je savais que c’était un film d’horreur, mais je n’avais pas lu le script, donc je ne savais pas quoi faire. A cette époque, il faut savoir qu’un billet pour Rome c’était bien trop cher pour une jeune comédienne comme moi, donc je me suis dit: “Pourquoi pas?”. Me voilà partie, et j’ai rencontré Lucio pour la première fois dans un palazzo très décadent, presque fellinien, encore une fois, qui appartenait justement à Perrone. Lui était habillé en costume noir, très distingué, et Lucio était plus chic que jamais, un peu à l’anglaise, avec un costume en tweed, sa pipe évidemment, et il était très réservé. Tous ces éléments mis ensemble, ça donne une scène assez surréaliste. A la fin de l’entrevue, il me donne le scénario en me disant: “Vous le lirez ce soir et vous me donnerez votre réponse demain matin”. Normalement, c’est l’inverse: tu attends qu’on te rappelle, mais là, c’est moi qui devais rappeler Lucio. Je rentre avec mon scénario, et je ne savais pas quoi en penser. Je n’ai pas dit à Dardano (Sachetti, le co-scénariste, ndlr) que c’était mal écrit, mais c’était surtout mal traduit, parce qu’il était en anglais. Très franchement, je n’avais jamais lu un truc pareil et ces films-là étaient très spéciaux. Comme je ne savais pas à quoi m’attendre, je feuillette les pages, et après une seconde lecture, je me rends compte que la plupart des effets spéciaux, les pires en tout cas, ne me concernaient pas. Du coup, je devais hurler pas mal, jouer et exprimer la peur, et j’ai trouvé ça intéressant, un peu comme si je relevais un pari. Mon agent n’avait pas lu le scénario, et je ne savais pas si c’était bien qu’une comédienne qui rêvait de jouer Shakespeare fasse un truc pareil. Le lendemain, au téléphone, il me dit: “Écoute chérie, est-ce que tu voudrais aller en Amérique?”. Les extérieurs du film étaient tournés en Amérique, et je n’y étais jamais allée. Je n’avais pas d’autres projets actuellement, et j’avais besoin d’argent, donc j’ai accepté, mais en pensant vraiment que personne, en dehors de l’Italie, ne verrait ce film. Évidemment, j’étais très loin de penser que plus de trente ans après, on serait là, à en discuter! A vrai dire, j’avais un peu honte d’avoir tourné ces films, qui n’étaient pas très tendance à l’époque. Mais en Italie, des films de série B, il en existait de toutes les sortes, ce n’était donc pas mal vu, et puis Lucio était un cinéaste assez respecté.

Avec Frayeurs, Fulci arrive bientôt à son quarantième film.

Oui, mais je ne connaissais pas sa filmographie à cette époque. Pour moi, c’était un boulot, j’essayais de faire ça du mieux que je pouvais. Je n’étais – et je ne suis toujours pas – une star, donc je faisais tout ce qu’une jeune actrice pouvait faire… à part du porno! (rires)

Justement, ce qui caractérise Fulci, notamment dans cette trilogie, c’est qu’il est le seul réalisateur de séries B de l’époque, en Italie, à ne pas mettre d’érotisme, et encore moins d’inserts porno, dans ses films. Il n’y avait pas de scènes de nu, par exemple.

C’est vrai! Lucio était un homme avec de nombreuses facettes, et il était extrêmement pudique, malgré sa grande gueule, et ses légendaires scènes d’engueulade à l’italienne. Je n’ai pas vu tous ses films, surtout parce qu’il faut être spécialiste et qu’ils ne sont pas tous faciles à trouver, mais j’en ai vu un, je crois qu’il s’appelait Carole (également intitulé Les Salopes vont en Enfer et Le Venin de la Peur pour l’édition VHS, ndlr). Dans ce film, il y avait un peu d’érotisme, mais ce n’était pas gênant, ni vulgaire. Je me suis beaucoup posé des questions sur la popularité des trois films qu’on a tourné ensemble, aussi parce que je suis le dénominateur commun de cette trilogie, et c’est peut-être un début de réponse. Ça m’aide à relativiser sur le sujet, en tout cas. Mais Fulci a tout fait, de toute manière: des westerns, des comédies musicales…

…Il a écrit des chansons pour Celentano, en tout début de carrière, aussi.

Oui, c’est vraiment rigolo, ça. Et moi qui adore les comédies musicales, je n’ai jamais vu celles de Lucio. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’était pas vu à sa juste valeur. Du moins, pas avant qu’il meure. Mais c’était un personnage tellement secret qu’on ne savait pas quand il était fier, quand il était déçu, même si on sait qu’il était déçu de beaucoup de choses. Il n’a jamais explosé en tant que cinéaste, peut-être parce que c’était trop choquant pour l’époque, et s’il était encore là aujourd’hui, il serait probablement fier de voir le culte qu’il y a autour de ses films.

C’est sûrement l’une des raisons. Et l’absence d’érotisme renforce le côté sale du film. Les vers de terre, les araignées… Tous ces animaux qu’on n’aime pas forcément approcher ont une grande place dans cette trilogie, et beaucoup d’effets tournent autour de ça.

C’est plus du dégoût que de la peur, et c’est peut-être ça aussi qui fait que ces films marchent encore maintenant. C’est sûr, il y a de la violence, mais ils paraissent aujourd’hui moins durs parce que le cinéma mainstream actuel est tellement violent, si on prend un film comme Casino ou même Le Parrain, c’est une violence bien plus réelle. Ce qu’on voit chez Lucio ne devrait pas arriver dans la vraie vie, en principe! Ça relève plus du cauchemar, de nos pensées sombres. La scène de la bibliothèque dans L’Au-Delà, par exemple, c’est la phobie de l’araignée poussée à l’extrême, ce qui pourrait arriver de pire. Mais une fois encore, ce ne sont que des suppositions, on connaît très peu Lucio. Même nous deux, en dehors du set, on se parlait peu. Je me rappelle qu’une fois, on était chez Paolo Malco (l’acteur qui joue le mari de Catriona dans La Maison près du Cimetière, ndlr), ils étaient très amis, mais même à ce moment, après trois films avec lui, je ne le connaissais pas si bien que ça. Il a emporté beaucoup de réponses avec lui, dans sa tombe, et des tas de gens se posent encore plein de questions sur lui. En Lozère, par exemple, il y a un prof de français qui a monté, dans un lycée, un petit festival de courts-métrages fantastiques et d’horreur où ce sont les élèves qui font leurs propres films. J’y étais en tant qu’invitée il y a deux ans, il m’a montré son mémoire sur Fulci, qu’il avait fait quand il était étudiant, et il me l’a même donné. Tout ça pour dire que partout, je rencontre des gens qui sont encore fascinés par le mystère Fulci. Sa vie personnelle, par exemple, personne ne la connaissait. Moi, je me souviens d’avoir vu une femme, une psychanalyste, qui venait de temps en temps. Une italienne dans toute sa splendeur, très belle femme, toujours en manteau de fourrure… Je me demande de quoi ils parlaient, peut-être que ce n’était que sa psy! Je connais sa fille, par contre, Antonella, qui aujourd’hui aime s’occuper de tout ce qui concerne son père. Mais elle aussi est très, très complexe… (rires) Je suis la première personne que tu interviewes par rapport à Fulci?

Oui, mais même au-delà de Fulci, il faut dire que votre filmographie est assez populaire, au sens large du terme.

Ce que je peux dire, c’est que les films de Fulci, en tout cas, restent intemporels. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils marchent encore aujourd’hui, et qu’il y a des réalisateurs comme Tarantino qui sont de grands fans. J’ai travaillé indirectement avec lui, parce qu’il a ressorti des films il y a quelques années, et j’ai fait des interviews pour lui. J’aurais bien aimé le rencontrer, peut-être que ça arrivera, quand il viendra à Cannes! (rires) Il y a une chose amusante, c’est que j’ai signé un autographe pour lui. Une personne, qui est par ailleurs l’un de ses créateurs d’effets spéciaux (Greg Nicotero? Howard Berger? Nous n’avons pas la réponse, ndlr), est venu me voir à une convention, sur la pointe des pieds, un peu gêné, et m’a demandé si ça ne me dérangeait pas de signer un autographe pour Quentin Tarantino. Je me suis dit: “C’est le monde à l’envers!” (rires). D’une manière générale, je suis très intéressée par tous ces jeunes réalisateurs, américains, français et autres, qui essaient de faire leurs propres films d’horreur. Aujourd’hui, ça ne me dérange plus du tout d’être connue pour ces films, mais je fais quand même attention à ce que je fais. Je participe à des films fantastiques, mais il faut que ça tienne un peu debout, parce que c’est à la mode et on en voit beaucoup, même si en France ça reste difficile. Je viens de tourner un film auquel je crois énormément, mais on l’a tourné en anglais, parce que tourner en français, ça ferme quelques portes. Je l’ai déjà fait, bien sûr, avec Pascal Laugier, mais il n’a pas marché (Saint Ange, 2004). En Espagne, si, par contre. Je ne l’ai pas revu depuis longtemps, et je sais que la fin était un peu ambiguë. Je ne sais pas s’il l’a voulue comme ça ou si c’est le hasard, mais il y a aussi une petite légende autour de ce film, maintenant. Et c’est très inspiré par Fulci! Les fins des trois Fulci laissent aussi réfléchir, chacun sa version…

…Parce que Dardano avait mal écrit?

(rires) S’il sait ça, il va me détester! Comme je l’ai dit, ce n’était pas très bien traduit. Quand tu es actrice, tu regardes l’histoire, évidemment, mais aussi les personnages, leur substance, et il faut dire que sur ce point-là, ils n’avaient pas beaucoup de corps. L’important, c’est qu’on a réussi. Et Fulci ne nous dirigeait pas beaucoup et ne nous donnait pas tellement d’indications. En soi, ça devait vouloir dire que ce qu’on faisait lui plaisait, mais un acteur aime beaucoup être dirigé. Lucio, lui ne disait pas grand-chose, et ce n’était pas forcément dû au fait qu’il parlait mal anglais, parce que c’était pareil avec les autres acteurs. Quand je regarde les autres, je me dis qu’il avait un don pour choisir ceux qu’il fallait dans les rôles qui leur convenaient. J’ai beaucoup croisé Giovanni Lombardo Radice, qui a notamment une scène mémorable dans Frayeurs, et qui est un excellent acteur. Ces films sont une espèce de puzzle, une recette de cuisine, ça n’avait pas grand-chose pour prendre, mais ça a pris! Moi j’arrivais à peine, Lucio avait une équipe avec qui il travaillait depuis toujours ou presque… On parle beaucoup des films, mais on s’est quand même beaucoup amusés. On tournait des films d’horreur, avec une atmosphère un peu lourde, donc il y avait beaucoup de rigolade, surtout avec David Warbeck.

L’originalité de Frayeurs, c’est que le personnage principal est elle-même une morte vivante. C’était très malin de la part de Fulci et de Sacchetti de faire mourir sa protagoniste dès les premières minutes, puis la faire revenir à la vie.

Oui, c’est vrai. On me demande souvent quel film je préfère, parmi les trois, et je crois que bizarrement, celui que j’aime le moins, c’est Frayeurs. L’Au-Delà reste mon préféré, et le meilleur, à mon sens, peut-être parce que Liza est le personnage qui me ressemble le plus dans la vie. Je ne sais pas pourquoi c’est Frayeurs que j’aime le moins, parce qu’il reste très poétique, une poésie macabre, comme ça, qu’il utilisera ensuite pour les deux autres films. Mais j’aime beaucoup la séquence du début de Frayeurs, la séance de spiritisme, je la trouve pas mal réussie. C’était la première scène qu’on a tourné, et je ne savais pas trop où j’allais avec ça. Mais je ne sais pas s’il y a d’autres films où le personnage principal meurt au début et devient un zombie tout le long du film, c’est original. Ces films restent très présents dans ma tête, parce qu’on m’en parle souvent, et ils sont tous les trois réussis, mais j’ai toujours eu un penchant pour L’Au-Delà et La Maison près du Cimetière. Peut-être parce que Frayeurs était le premier, je ne connaissais personne, et ma relation avec Christopher George, même s’il était sympathique, était purement professionnelle, tandis qu’avec mes partenaires dans les deux autres, on est devenus très amis, particulièrement avec David. Paolo, lui tourne encore beaucoup à Rome, il a un rôle récurrent dans une série très populaire en Italie (Incantesimo, la version transalpine des Feux de l’Amour, dont certains épisodes ont été réalisés par Ruggero Deodato, ndlr). Si j’ai un gros faible pour L’Au-Delà, aussi, c’est parce que j’ai toujours aimé La Nouvelle-Orléans, où on a tourné une grosse partie du film. C’est un endroit très spécial. La Maison près du Cinetière, on l’a fait dans la Massachusetts, pas loin de Boston. A chaque film, j’ai fait un beau voyage, avec un retour à Rome à chaque fois. J’ai tellement adoré cette ville que j’ai même failli y déménager après les trois films. Et finalement, je suis assez contente de ne pas avoir fait ça, parce qu’on était en 1982, et le cinéma bis en Italie était en train de dégringoler. C’était déjà assez difficile de vivre entre Paris et Londres, et puis comme j’avais aussi un agent à Rome, il savait où me trouver s’il avait besoin de moi.

Tout à l’heure, quand vous parliez de Jacques Demy, vous disiez que vous travailliez déjà entre Paris et Londres. A quel moment êtes-vous arrivée en France?

Je suis venue à l’âge de 19 ans, et je devais rester un an, pour apprendre le français. Cette expérience a complètement changé ma vie, parce qu’à l’époque, j’étais danseuse classique au Royal Ballet et quand j’étais plus petite, mes parents nous emmenaient en vacances ici, dans le sud de la France. Pour moi, le sud commençait à Calais, donc j’avais vraiment l’impression d’être dans un autre monde! Rien que lorsque je regardais les flics, complètement différent de ceux que je voyais tous les jours, parler cette langue très exotique… Bref, en sortant de l’école de danse, je m’attendais à trouver des auditions en Europe, et j’ai été prise au Ballet national de Marseille. Vivre ici, en fait, c’est un retour aux sources, parce que mon histoire d’amour a commencé à Marseille. Ce n’est peut-être pas une ville facile, mais il m’est arrivé beaucoup de choses positives. Le chorégraphe de l’époque était Roland Petit, qui est mort l’année dernière, et je suis restée deux années chez lui. On travaillait beaucoup, on faisait des tournées, et on est même allés en Union Soviétique. J’avais 23 ans, et peu de gens de cet âge avaient vécu une telle aventure. Après deux ans, donc, j’ai eu une blessure à la cheville qui m’a complètement déstabilisée, et le plaisir de danser s’est envolé. D’autre part, il est vrai que le métier de danseuse est très difficile, alors j’ai décidé de retourner à mon autre passion, qui est la comédie. La chance est intervenue à ce moment, puisque j’ai rencontré des comédiens qui étaient en fait la nouvelle troupe du théâtre de Nice, et ils cherchaient quelqu’un qui savait un peu danser. Je me suis donc lancée dans cette aventure, parce que j’étais autonome et je n’avais pas tellement envie de retourner à l’école. J’y ai également passé deux ans, après lesquels j’étais sûre de vouloir continuer dans cette voie. Et au théâtre, j’ai joué avec des personnes formidables: Pierre Arditi, Nicole Garcia, qui n’étaient pas très connus à l’époque, et un autre acteur, lui aussi très complexe, Jean-Pierre Bisson (le tueur psychopathe de Mort un dimanche de pluie, ndlr), qui écrivait et mettait en scène des pièces de théâtre. Je dirais qu’il était aussi compliqué à cerner que Lucio. J’en ai rencontré quelques-uns dans ma carrière… Je pense que je les attire! Mais ça devient un peu un pari, au final, puisque je suis arrivée à ne pas les craindre, même si ce n’était pas toujours facile. Après ça, j’ai décidé de quitter Nice en voulant jouer du théâtre à Londres, mais je me suis arrêtée à Paris, où l’on m’a présenté un agent, et c’est comme ça que j’ai commencé à travailler à la télévision, puis la rencontre avec Jacques Demy est partie de là. Des fois, j’y pense, et je me dis que j’ai eu une carrière un peu atypique, parce qu’aller de Demy et son univers à Fulci et son univers, en ajoutant les autres qu’il y a eu depuis, ce n’est pas très normal. Mais j’aime bien ce qui sort un peu de la normalité. Je sais qu’il y a quelque chose dans ces films, au-delà du cinéma, qui passionne, je ne sais pas exactement quoi, mais je suis ravie de voir que des jeunes souhaitent continuer dans cette veine. Fever, le film que je viens de tourner, justement, et qui a une très bonne distribution, s’est faite avec les moyens du bord, mais je pense qu’on va entendre parler du réalisateur, Romain Basset. Il a écrit un rôle magnifique pour moi, celui d’une bourgoise anglaise assez coincée d’un côté et très perturbée de l’autre. On a tourné en anglais, avec un casting anglais, et avec peu d’argent. Trop peu, même, à tel point qu’il ne peut pas avoir de sortie en salles pour le moment. Il vise donc le marché du DVD américain, mais peut-être que quelqu’un le prendra sous son aile et fera changer les choses. Mon compagnon est joué par Murray Head, qui vit lui aussi en France et qui est un très bon acteur, il y a Vernon Dobtcheff, que tout le monde a forcément vu, il a tourné en Italie, en France, en Amérique, il a fait un James Bond aussi, et puis Philippe Nahon, qui est extraordinaire et qui tourne avec beaucoup de jeunes. J’étais très contente de jouer avec lui.

C’est un acteur français très présent dans les productions fantastiques et dont on a vraiment besoin.

C’est le mot, oui, on en a vraiment besoin! Il fait aussi bien les séries de Canal+ que des petites productions où il joue gratuitement ou presque, et c’est très bien. On verra bien ce que ce film-ci donnera… On a tourné au milieu de la Creuse, avec des loups, c’était assez incroyable. Actuellement, j’ai aussi une famille suisse, un réalisateur qui s’appelle Olivier Béguin, qui est fou des films d’horreur, et je viens de tourner avec lui dans un film qui va s’appeler Chimères, un film de vampires, pour faire simple. J’ai déjà tourné toutes mes scènes, et il termine le tournage ces jours-ci en Suisse. Je trouve ça génial, que des jeunes m’appellent pour jouer dans leur premier film! C’est un peu rock’n’roll, mais c’est ce qui rend le boulot excitant, on le fait avec passion, et il n’y a rien de plus motivant que la passion. Fulci aussi contribue à ça, parce que le mystère et la passion Fulci continuent à se répandre, et peut-être que ça va encore durer longtemps, parce que finalement, il n’est décédé qu’en 1996.

Valentin Maniglia
Merci à Sarah pour les photos


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

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