Devil Inside 3


Énième film qui tente de retrouver l’effroi efficace de L’Exorciste sans y parvenir, Devil Inside ne fait donc pas grand chose de plus que de tenter d’imiter. Ajoutez à cela cette mode – décidément ultra présente – du found footage, et vous avez là l’un des films les plus mauvais de ce début d’année.

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Sous le Soleil de Satan

Depuis la sortie de L’Exorciste de William Friedkin en 1973, le film de possession démoniaque est devenus un sous-genre à part entière. Au delà des suites du film de 1973, moins réussies que l’originale, on peut noter notamment les excellents L’Emprise ou Possession (1981), le Carpenter Prince of Darkness (1987) ou bien sûr plus tôt encore Rosemary’s Baby (1968). Mais depuis quelques années, le genre inonde les écrans avec plusieurs films par an sur le thème. Après L’Exorcisme d’Emily Rose (2006), Le Dernier Exorcisme (2010) ou encore Le Rite (2011), c’est donc cette année Devil Inside qui vient alimenter le genre, tout en s’acoquinant la mode du found-footage déjà ultra présent sur les écrans cette année.

Je ne ferais pas encore le blâme du found-footage dans cet article, ce serait me répéter, et je vous invite donc plutôt à aller lire mes articles sur Chronicle et The Troll Hunter pour avoir quelques précisions sur mon désaccord majeur avec la pratique, toutefois j’y apporterai par la suite un complément, car Devil Inside n’emploie pas que les codes du found-footage. Soit, nous allons donc parler plus précisément du fond, de la forme plutôt, le fond n’étant pas visible sans forage. Devil Inside raconte donc l’histoire jamais vue d’une jeune fille, Isabella, qui cherche à comprendre ce qui s’est vraiment passé la nuit où sa mère a sauvagement assassiné trois personnes lors d’une séance d’exorcisme. Elle se rend en Italie, à l’hôpital Centrino pour psychopathes où Maria, sa mère, est enfermée, pour savoir si elle est simplement déséquilibrée ou véritablement possédée par le diable. Pour soigner la démente, Isabella fait appel à deux jeunes exorcistes qui utilisent des méthodes peu orthodoxes, mêlant la science et la religion. Ils devront alors affronter le Mal absolu qui a pris possession de Maria: non pas un, mais quatre démons!

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Vous l’aurez compris, rien de bien neuf sous le soleil de Satan. Les séquences de possession ne sont jamais effroyables, et le found-footage mène le plus souvent l’action à se dérouler hors-champ. Si l’on sursaute, ce n’est jamais parce que nos quatre démons nous surprennent, c’est plutôt, comme souvent, pour d’autres choses totalement anodines, tel qu’un chien qui bondit en aboyant sur un portail. Jamais choquant, jamais novateur, plus encore, sans idées, le film réutilise donc la formule “magique” déjà épuisée dans la saga Paranormal Activity dont il est volontairement le dérivé. Produit par Paramount sur le même modèle que la saga initiée par Oren Peli en 2009, Devil Inside n’a nécessité qu’un budget d’un million de dollars et devient le plus gros succès commercial de l’année 2012 (forcément) en se remboursant dès sa première projection en séance de minuit outre-Atlantique! La même formule déjà employée dans Le Dernier Exorcisme (2010), en fait véritablement des films jumeaux, dans leur nullité comme dans leur forme.

Dans Devil Inside, le found-footage est complété d’une volonté de donner au film un propos documentaire, avec des interviews bidon accompagnées de leurs jolis synthé-textes qui nous donnent les noms et fonctions des faux interviewés, complétées d’images d’archives – fausses elles aussi – qui donnent à la réalisation un aspect totalement fouillis. Jamais vraiment caméra embarquée, jamais vraiment mockumentary (documenteur), jamais non plus un film de montage d’archives, le film est un peu tout à la fois. Difficile donc de faire un article complet, analytique, tant il n’y a rien à en retirer, même pas matière à débattre, tant les procédés et les idées sont déjà épuisées jusqu’à la lie, et débattus maintes et maintes fois. Il s’agit donc de ce genre de films effervescents, qui essaient de bouillonner pendant une heure et demie et qui finissent par totalement se dissiper, pour disparaître, aussitôt consommés. On en garde rien, sinon le souvenir triste de ce billet de dix euros que nous chérissions tant. Au début du film, s’affiche sur un écran noir, ”Le Vatican n’approuve pas ce film”: depuis cette projection, j’ai décidé de suivre la voie de la raison, et de devenir enfin évêque.

Joris Laquittant


A propos de Joris Laquittant

Sorti diplômé du département Montage de la Fémis en 2017, Joris monte et réalise des films en parallèle de son activité de Rédacteur en Chef tyrannique sur Fais pas Genre (ou inversement). A noter aussi qu'il est éleveur d'un Mogwaï depuis 2021 et qu'il a été témoin du Rayon Bleu. Ses spécialités sont le cinéma de genre populaire des années 80/90 et tout spécialement la filmographie de Joe Dante, le cinéma de genre français et les films de monstres. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/sJxKY


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3 commentaires sur “Devil Inside