Fast Company


Il semble évident que lorsqu’on évoque le nom de David Cronenberg, penser à une course de voitures n’est pas la première chose qui vient à l’esprit (sauf si, vraiment, on s’adresse à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de lui. Un birman, par exemple). Pourtant, en 1979, parallèlement à la réalisation de nombreux téléfilms, le cinéaste écrit et réalise Fast Company, un curieux long-métrage sur une course de voitures canadienne (évidemment). Très facilement oubliable, le film compte néanmoins quelques moments étonnants, mais se résume à une simple course à laquelle participent des bons et des méchants. Une rareté étrange, mais dispensable à côté des bijoux qui composent l’oeuvre du cinéaste.

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Going mobile

Pour commencer, nous pouvons nous demander que fait ce film dans la filmographie de Cronenberg. En effet, nous sommes habitués à de l’action, du moins à un fil conducteur qui se présente comme intéressant. Seulement là, il ne faut pas compter sur ces ingrédients qui pourraient constituer un chef-d’œuvre. Non, là, nous attendons à chaque fois que quelque chose se produise. Qu’il y ait une chute. Mais ça ne rebondit jamais. Cronenberg le considère comme un film moyen (c’était un film de commande), qui n’a sa place dans sa filmographie que pour l’intérêt du réalisateur pour la technologie et les bolides. Il faut également rappeler que Cronenberg traverse une période difficile au moment de Fast Company, et que le fait d’accepter un film de commande se révèle être une sécurité, sur le plan financier notamment.

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Cronenberg filme un univers automobile régi par les soucis hiérarchiques, ainsi que la concurrence qui pourrait rythmer n’importe quelle collectivité ou entreprise. Autrement dit, nous avons ici un champion en titre, ayant une expérience non négligeable en ce qui concerne la course automobile : Lonnie Johnson, grand vainqueur de la firme FastCo. Il y a Billy, le naïf/innocent aux répliques peut-être un peu trop prévisibles que nous pouvons considérer comme la fraîcheur et le futur de l’équipe. Vient ensuite Gary qui, comme dans tous les films au suspense incroyable, est représenté comme le méchant qui va faire capoter toute l’histoire (si histoire il y a, bien entendu). Il serait méprisant et de mauvais goût d’oublier de mentionner le joli minois de Candy, Miss FastCo, qui vient soutenir le côté assez libertin du film. En ce qui concerne l’histoire, nous pouvons faire un parallèle indéniable avec court-métrage réalisé par George Lucas en 1966, intitulé 1 :42 :08. Le principe est identique, c’est-à-dire que durant à peu près dix minutes nous sommes face à un pilote, sur un circuit, avec des plans qui se ressemblent et une monotonie hors du commun.

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Comme expliqué précédemment, nous nous demandons si quelque chose va se produire. Si enfin, un rebondissement va surgir du néant de l’action inexistante. Nous pourrions nous servir du court-métrage de Lucas, tout comme de Fast Company, à des fins éducatives, pour aider des étudiants en cinéma à savoir distinguer un travelling d’un panoramique, etc… C’est donc en ce point (non négligeable), que ces deux films se ressemblent. Ce qui ne fait donc pas de cette réalisation de Cronenberg le meilleur film de sa filmographie, loin de là (mais ça semblait évident, de toute façon). Pouvons-nous pour autant condamner David Cronenberg au même titre que nous devrions condamner George Lucas alors que ce sont malgré tout des maîtres du cinéma ? Je ne pense pas.


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