Insidious 7


Film le plus rentable de l’année, Insidious a en effet été realisé avec un budget de seulement 1,5 millions de dollars, et en a rapporté plus de 90 depuis sa sortie américaine, en avril dernier. Cinquième film de James Wan, il se pose comme un hommage à Poltergeist, en étant toutefois très différent, et en s’imposant comme le grand film d’épouvante de l’année 2011.


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Dalton 666: la Malédiction

Patrick Wilson, le Kevin Costner des années 2000, joue le rôle de Josh Lambert, patriarche épanoui, père de deux enfants, à peine arrivés dans leur nouvelle maison. Mais lorsque Dalton, l’aîné de la famille, tombe subitement dans un coma inexpliqué, les Lambert devront faire face à toute une série de phénomènes surnaturels qui surviennent à toute heure à l’intérieur de la maison. Un gamin qui danse sur un morceau flippant joué à l’ukulélé, apparitions de Dark Maul et d’un vieux laideron aux cheveux qui puent la perruque cheap à 500 mètres, rien ne va plus chez les Lambert… Heureusement que leur gosse ne s’appelle pas Christophe, c’est déjà ça de gagné.

En apparence, le résumé d’Insidious a l’air tout à fait banal, c’est une histoire de maison hantée vue et revue des dizaines de fois, et qui semble directement inspirée de Poltergeist de Tobe Hooper, écrit et produit par Steven Spielberg en 1982. Malgré que ce dernier a mal vieilli et que son interdiction aux moins de 16 ans est largement discutable, il reste encore aujourd’hui l’une des meilleures productions Spielberg et, en plus d’être un excellent divertissement, est l’une des trois grandes références en matière de films sur les maisons hantées (vous aurez deviné que les deux autres sont Shining et Amityville).

Insidious se place donc directement dans la veine de Poltergeist, dans la mesure où il se présente comme un pur divertissement fabriqué à partir d’une simple histoire de maison hantée, qui petit à petit se dirige vers une intrigue beaucoup plus mystique, portée sur la relation entre l’humain et l’au-delà. En fait, il semble plutôt tirer son héritage de La Quatrième Dimension que des productions horrifiques Spielberg; certaines séquences auraient pu être écrites par Rod Serling, tant le scénariste Leigh Whannell (comparse de James Wan depuis ses débuts) réussit à doser sans se tromper la bizarrerie et l’angoisse. La dernière partie du film, notamment, montre Patrick Wilson entreprendre un voyage astral mis en scène de manière complètement surréaliste, l’acteur étant le seul être mouvant à l’intérieur d’un tableau en trois (enfin quatre) dimensions, rappelant parfois (et là je m’adresse aux fans de la série) l’épisode “Les Trois Fantômes”. Malgré quelques faiblesses et facilités scénaristiques (la plus remarquable étant Rose Byrne, effrayée, qui suggère à Patrick Wilson de déménager. Plan suivant, un camion de déménagement se gare devant une villa style Wisteria Lane. Pas très contrariant, le mari), James Wan porte à bout de bras un film parfois angoissant, toujours divertissant. On appréciera notamment l’humour léger qu’on retrouve ci et là dans le film, comme la scène des deux ghostbusters, mélange entre l’équipe du Dr. Ray Stantz et le Frank Bannister de Peter Jackson.

S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas reprocher chez James Wan, c’est bien sa mise en scène. Wan maîtrise parfaitement la caméra, et confirme être un vrai technicien du cinéma. On est bien loin du climat nerveux de Saw, que ce soit dans les cadrages, le montage et dans la narration. Ici, c’est très posé, plus classique mais efficace, et la dernière partie du film est époustouflante d’inventivité.

En réutilisant dans sa construction les codes de l’œuvre de Stephen King (un père qui fuit ses responsabilités et une mère aimante mais angoissée, une angoisse omniprésente mais qui ne se manifeste que crescendo), le duo Wan/Whannell signe un film qui ne mérite pas d’être considéré comme “le nouveau Poltergeist” ou “la relève de Spielberg” (oui, j’ai vraiment lu ça quelque part) parce qu’il n’y a finalement qu’une maigre ressemblance entre les deux univers, mais qui se pose bien comme un très bon divertissement. Non dénué de défauts pour autant, principalement sur le plan scénaristique mais de manière assez légère, Insidious est l’un des meilleurs films de son réalisateur, et mérite sa place parmi les nouveaux films d’horreur à voir. Ne pas se fier, donc, à l’accroche peu alléchante qui définit le film comme fait “par les créateurs de Saw et Paranormal Activity“. Le DVD et le Blu-Ray sortent le 25 octobre chez Wild Side, avec un making-of, une interview du duo Wan/Whannell, une copie digitale offerte et les traditionnelles bandes-annonces.


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.


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