Godzilla vs. King Ghidorah


Réalisé par Kazuki Omori en 1991, Godzilla vs King Ghidorah est le vingtième film dans lequel Godzilla apparaît, et le cinquième long métrage dans lequel le dragon à trois tête venu de l’espace, King Ghidorah, dévoile sa colère. Tous deux font partie des plus célèbres kaiju du cinéma japonais, ces monstres géants dont les films dévoilent parfois d’étonnantes significations politiques et des préoccupations largement en avance sur leur temps.

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Le Choc des Titans

Ce film de kaiju eiga japonais a été produit par la production Toho, spécialiste de ce genre depuis la fin des années 50. Il raconte que de nos jours, un vaisseau vient se poser sur Terre et trois ambassadeurs demandent à parler avec le premier ministre du Japon. Contre toute attente, il ne s’agit pas d’extra-terrestres mais plutôt de trois envoyés du futur – bien nommés, les futuriens – qui viennent demander de l’aide pour éliminer Godzilla avant que celui-ci ne détruise totalement le Japon ! Car oui, ils viennent du futur où le monstre en furie a réveillé la terre et sa fureur, ce qui menace de détruire des centrales nucléaires et créer la destruction totale du Japon. Intéressant non ? Sorti en 1991, ce film est incroyablement prémonitoire, regardé aujourd’hui, il nous place immédiatement en écho avec les événements récents de la centrale de Fukushima suites aux tremblements de terre et tsunami qui ont ravagé le pays en Avril dernier. Il faut dire que les kaiju eiga ont toujours été très intéressés par les questions écologistes, inquiétés même, par les désastres de l’atome nucléaire. Le traumatisme dû aux bombes atomiques de Hiroshima et Nagazaki en a créé Godzilla, qui dans la culture populaire japonaise, est bien plus qu’un monstre, il incarne les désastres du nucléaire sur le Japon. Pour arrêter les désastres causés par Godzilla, les futuriens proposent de retourner dans le passé, en 1944, juste avant le largage de la bombe atomique, pour transporter Godzilla dans le futur, et empêcher qu’il ne soit touché par les radiations.

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Car oui, ce qu’il y’a de vraiment intéressant – d’autre part à la corrélation étrange avec l’actualité – c’est que dans ce film, on nous propose pour la première fois, de voir un Godzilla à ses origines, avant transformation. On y découvre que le dinosaure aidait l’armée japonaise durant la Guerre du Pacifique contre les États-Unis, et que ces derniers l’ont anéanti juste avant l’attaque atomique. Les radiations de la bombe aurait ressuscité un Godzilla mourant, mais l’aurait rendu plus féroce et surtout, démentiellement plus grand ! L’expédition des Futuriens dans le passé réussit, ils ramènent Godzilla dans le futur, mais y oublient trois petits dragons – qui sont en fait des créatures du futur, génétiquement modifiées pour servir d’animaux de compagnie – et ce sont ces trois petits dragons, oubliés en 1944, nommés les Dorats, qui finalement, muteront à la place de Godzilla, pour devenir le fameux dragon à trois têtes, King Ghidorah, celui que l’on dit venu de l’espace. De retour dans le futur, les Futuriens et leurs nouveaux potes du présent – que je nommerais avec tact les Présentiens, ou bien les Présentois, ou encore les Présentistes – se rendent compte de leur connerie sans nom, et sont finalement forcés de libérer Godzilla pour qu’il combatte King Ghidorah qui ravage le Japon à la place de Godzilla. Compliqué non ?

En dehors de sa dimension politique qui parle encore d’avantage avec les récents événements, le film est une réelle réussite. S’il est kitsch à souhait, comme la plupart des kaiju eiga japonais dont les effets artisanaux – même en 1991 – ont sacrément pris des rides, il n’en demeure pas moins sacrément charmant, rythmé et bien mené. Influencé grandement par certains films Hollywoodiens sortis peu de temps avant, tel que les Terminator de James Cameron, le scénario s’emmêle un peu les pinceaux dans les sous intrigues et les voyages temporels qui créés des erreurs de cohérences de l’histoire entre les époques, sur lesquelles il n’y a pas non plus vraiment besoin de s’attarder. J’entends par là, que le film reste vraiment regardable, et on se surprend à passer un bon moment devant ce film de monstres géants dont l’identité japonaise est omniprésente. En effet, si tous les codes des kaiju eiga sont bel et bien présent, on ressent aussi l’influence du manga d’anticipation dans les séquences dans le futur. Par exemple, les Futuriens rappellent un petit peu les cyborgs de Dragon Ball Z et les séquences dans le futur permettront par ailleurs à la firme Toho de relancer les variantes robotiques de ces monstres, car la fin du film voit s’affronter Godzilla avec MechaKing-Ghidorah. Putain. Ça en fait des sous intrigues.


A propos de Joris Laquittant

Sorti diplômé du département Montage de la Fémis en 2017, Joris monte et réalise des films en parallèle de son activité de Rédacteur en Chef tyrannique sur Fais pas Genre (ou inversement). A noter aussi qu'il est éleveur d'un Mogwaï depuis 2021 et qu'il a été témoin du Rayon Bleu. Ses spécialités sont le cinéma de genre populaire des années 80/90 et tout spécialement la filmographie de Joe Dante, le cinéma de genre français et les films de monstres. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/sJxKY

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